Visite

Filière locale et ACV : unité de production Weber à Heyrieux (38)

VAD a proposé aux professionnels de la construction une demi-journée mêlant visite d’un site de production et débat sur l’Analyse de Cycle de Vie des produits.

Ancré dans son territoire, en plein cœur de la région lyonnaise, le site de production Weber d’Heyrieux produit des mortiers industriels notamment utilisés pour :

  • le gros œuvre
  • les enduits de façades
  • la colle de carrelage

VAD a donc invité les membres de son réseau à visiter le site de production de Weber à Heyrieux (38) pour découvrir une filière locale et voir comment celle-ci s’adapte aux enjeux d’aujourd’hui.
Un moment favorable aux échanges interprofessionnels, et rythmé par des temps forts :

  • Visite du site
  • La RSE vue côté produit : Système ITE & Produits « éco engagés »
  • La RSE vue côté service : une implantation régionale avec des initiatives locales
  • Débat sur le sujet de l’Analyse de Cycle de Vie des produits (ACV)

La RSE vue côté produit

Pour ses enduits de façades, Weber veille à développer des produits compatibles avec les différentes solutions d’isolation thermique par l’extérieur (ITE), obtenant les avis favorables nécessaires pour permettre la mise en œuvre d’isolants biosourcés, ou isolants issus de filières de recyclage. Pour chacun des systèmes développés, des FDES sont produites et validées par un organisme tiers, afin de permettre une Analyse de Cycle de Vie (ACV).

Weber vise à accompagner ses clients vers des produits plus vertueux, tout en faisant attention à rester dans le marché. Dans cette démarche, Weber développer des produits « éco-engagés ». En voici quelques exemples :

  • Webercol flex éco : une colle à carrelage qui réduit de 50% les émissions de CO2 liées à sa production tout en limitant les nuisances sanitaires à la mise en œuvre
  • Webercol façade : une colle déformable spéciale façade : réduction de 20 % des émissions de CO2 et anti-poussière également

En adoptant une approche systémique, Weber œuvre au développement de systèmes d’enduits sur ITE. Parmi eux :

  • Webertherm XM natura : système ITE avec isolant liège 100% biosourcé (origine : Portugal) et sous enduit minéral à la chaux : réduction à partir de 6 kg de CO2 par m² appliqué
  • Webertherm XM fibre de bois : Le système ITE avec des panneaux en fibre de bois (bonne inertie et bon déphasage thermique) et sous enduit minéral à la chaux aérienne

L’offre de Weber comprend ainsi de nombreux systèmes sous avis techniques, qui permettent la mise en œuvre d’isolants aux qualités variées (produits biosourcés, produits issus de l’économie circulaire) et aux propriétés intéressantes (perméabilité à la vapeur d’eau, anti-feu).

Weber dispose de 12 usines en France, avec une adaptation des sites industriels au marché local (par exemple, beaucoup d’ITE en région AURA). 90 000 tonnes de produits sont fabriqués à Heyrieux avec une matière première régionale.

Exemple d’un projet : démonstrateur ABC à Grenoble, utilisant le système webertherm XM NATURA : 1 800 m² d’isolant en liège de 200 mm sous enduit armé base chaux aérienne (Webertherm XM) et finition silicate

Débat sur le sujet de l’ACV

Un temps d’échange entre intervenants et participants ont permis de traiter les points suivants

  • Apports de l’ACV pour limiter l’impact environnemental des produits (écoconception, process industriel...)
  • Stratégie en termes d’élaboration de FDES
  • Impact sur l’organisation de l’entreprise (recrutement, compétence...)
  • Prescription et transmission au décideur
  • Mise en perspective avec la future RE2020...

Rappel sur l’ACV

L’objet de l’ACV est de mesurer les échanges entre biosphère et technosphère.
La réalisation d’ACV permet de guider les choix, selon plusieurs indicateurs d’impacts (GES, consommation d’eau, énergie primaire totale…).
Les phases du cycle de vie sont les suivants (suivant norme EN 15804)

  • A1-A3 : Etape de production
  • A4-A5 : Etape de construction
  • B1-B7 : Etape d’utilisation
  • C1-C4 : Etape de fin de vie
  • D : Bénéfices au delà des frontières du système

Les émissions de gaz à effet de serre sont évaluées suivant 3 scopes

  • SCOP 1 : prend en compte les émissions directes générés par le site industriel (c’est en grande partie la consommation électrique du site)
  • SCOP 2 : prend en compte les émissions indirectes associées à la production d’électricité ou de chaleur importée par l’usine
  • SCOP 3 : prend en compte les autres émissions indirectes (approvisionnement, transport…)

Évolution des pratiques

Il y a deux ans, un service Développement Durable a été mis en place au sein de Placo/Isover/Isonat France autour des sujets d’ACV, de contenu chimique des produits, de stratégie neutralité carbone et de recyclage. Ce service comprend 10 personnes. Cela implique la création de nouveaux métiers et de nouveaux profils ont été recrutés. L’ACV est le « juge de paix » (voir même un outil de pilotage) qui objective les performances d’un produit, via les FDES certifiées. De nouveaux postes vont se créer car une FDES doit être mise à jour tous les 5 ans ; par ailleurs, de nombreuses FDES individuelles vont être réalisées ainsi que des FDES Système.

Comment limiter l’impact environnemental des produits ?

Les 3 facteurs d’empreinte de Weber sont les émissions de GES, la consommation de matières première et la production de déchets.
Des travaux de recherche et développement sont menés pour pour réduire les émissions et améliorer l’impact environnemental des produits.
Un travail d’éco-conception est mené pour modifier « les recettes ».
Pour réduire les impacts, il faut également choisir les meilleurs fournisseurs de matière première, avec l’appui des FDES et identifier des produits issus de sous-produits grâce à la R&D (travail de caractérisation + aspect administratif). A Nancy, des cendres de biomasse, issues des lignes de production de colles à carrelage et de mortiers, sont utilisées en substitution partielle du ciment. Cela nécessite de tester à chaque fois les cendres (pas de normalisation). Concernant le ciment, il représente un poids de 765 kg de CO2 par tonne produite. Or, il est possible actuellement d’obtenir une réduction des émissions de CO2 de l’ordre de 200 kg de CO2 par tonne.
L’enjeu est également de mieux récupérer la matière, ce qui implique de ne pas mélanger les matériaux au démontage. Actuellement, les plaques de plâtre et la laine de verre peuvent être recyclés (le recyclage passe par l’intégration de matière premières secondaires).
L’écologie industrielle, qui permet de récupérer et valoriser de la chaleur fatale (chaleur issue d’un procédé) nécessite d’avoir un maillage partenarial solide. Une étude est en cours à l’usine Isover d’Orange et ce sujet est en réflexion à Paris (utilisation de carrières souterraines de plâtre pour de la géothermie), mais la chaleur fatale n’est pas toujours assez chaude pour être réintroduire ailleurs.
Quelques soient les évolutions réalisées sur les produits, il s’agit de vérifier que ceux-ci sont conformes du point de vue sanitaire (pas d’émanation) et qu’ils répondent aux besoins du marché, en particulier en termes de performance.

Quel impact de la RE2020 ?

La RE2020 permet plus de transparence sur la réalité des impacts environnementaux des matériaux et permet de pour pousser tous les acteurs, dont les fabricants, à être plus vertueux. Elle permet le développement de produits biosourcés, une montée en gamme. Elle aura un impact sur l’environnement de chantier, avec des partenariats sur la préfabrication.