Maison d’accueil Decomberousse

• 14h : accueil et mot d’introduction par Claire Vilasi - VAD et Pauline Rosset - Booster du Réemploi
• 14h15 : présentation de la Maison d’accueil Decomberousse
  • Le site, le projet social, par Christel Foisset et Lucie Berthelot, HABITAT ET HUMANISME
  • L’occupation temporaire, l’enjeu de la réhabilitation, focus réglementaire et réemploi, par Claire Battistoni, H&H, Manuel BATELIER, RESI-LIENS, Le Collectif Pourquoi Pas ?!, Pauline Rosset - Le Booster du Réemploi
• 14h45 : Visite de la Maison Decomberousse
• 15h15 : Découverte du projet BOB s’inscrivant dans le site de L’étape 22D
  • Présentation globale du projet par Gautier Lebail ou Aurélia Thomé, Plateau Urbain
  • Présentation de Flexof (spécialisé dans l’aménagement d’espaces de travail en privilégiant le réemploi) et des cloisonnements en réemploi réalisés dans le cadre du projet BOB, par Marc Girard, gérant, Flexof
  • Découverte de l’entrepôt de matériaux de réemploi de Made In Past, par Maxime Cornut, directeur général, Made In Past
• 16h05 : Echange entre acteurs du réemploi autour d’une collation, avec une présentation de :
  • 100Détours - Agencement en surcyclage de fenêtres bois, par Fabrice Poncet - La Fabrique >>SUPPORT
  • Circable - filière de câbles de réemploi par Camille Paganon - VINCI Energies >>SUPPORT
• 17h : Fin

La Maison d’Accueil Decomberousse est un centre d’hébergement d’urgence situé à Villeurbanne. La Métropole de Lyon a mis à disposition les anciens bureaux de l’ancienne usine Bobst, soit l’équivalent de 1000 m² à Habitat et Humanisme Rhône. Dans une démarche de sobriété économique et de matériaux, l’association a transformé ces espaces de bureaux en hébergement pouvant accueillir 50 places destinées aux femmes isolées avec enfant(s) de moins de 3 ans.
Le programme comporte un ensemble de 14 chambres, des espaces collectifs avec cuisine, des sanitaires, douches, buanderie ainsi que des bureaux dédiés aux travailleurs sociaux accompagnant les familles dans leurs démarches (assistance juridique, administrative, formation, insertion professionnelle, ...).
Le caractère temporaire de l’occupation a suscité une démarche de réemploi ambitieuse menée par les équipes et bénévoles d’Habitat et Humanisme.
L’enjeu du projet fut de réaliser au plus vite les études et le chantier afin de permettre la mise à l’abri des familles.
(Source texte : Construction 21)

Démarche d’économie circulaire

Transformation bureaux > hébergement

L’habitat d’urgence s’implante dans l’aile B des anciennes usines, qui était dédiée à la partie administrative (bureaux). Au préalable, un diagnostic et des études de programmation ont été réalisés par Rési-liens via un accord-cadre sur les études d’occupation temporaire de la Métropole de Lyon (espace public, bâtiment). Il s’agissait en particulier d’apporter un accompagnement technique sur la partie réglementation incendie / PMR / Sécurité et ainsi de définir les usages possibles des espaces suivant ces différentes contraintes.
La présence d’un RDC surélevé ne permettait pas de respecter les règles d’accessibilité nécessaires à la reconversion de ce bâtiment en ERP. Pour une reconversion en bâtiment de logement, il était nécessaire de mettre en conformité la totalité des volumes nouveaux de logements ou bien l’ensemble des espaces si le rapport du coût des travaux à la valeur du bâtiment était supérieur ou égal à 80 %. La classification en « logement foyer » d’occupation temporaire permet de réduire ces contraintes. Le RDC est aujourd’hui dédié aux espaces administratifs alors que sur chaque niveau sont présents 7 chambres, des sanitaires et une cuisine collective.
Ces travaux conséquents, dont l’objectif était d’en limiter un maximum les coûts, ont été réalisés en 6 mois. Ouvert en juin 2024, cet habitat d’urgence fermera ses portes à la fin de l’occupation temporaire, soit fin 2027.

Une démarche de réemploi ambitieuse

Le curage du bâtiment (présence de nombreuses cloisons amovibles, de faux plafonds…) associé à une dépose soignée des matériaux, a permis de maximiser le réemploi in situ et ex situ. Par ailleurs, le projet a bénéficié de nombreux dons et fins de stock.
Parmi les nombreux matériaux réemployés :

• In situ : cloisons amovibles, équipements sanitaires, dalles de faux plafonds et des rails, mobilier…
• Approvisionnement extérieur (dons, partenaires) : sol souple, chauffe-eau thermodynamiques, PAC réversible air/air, radiateurs électriques, faïences, hottes, éviers inox…
• Ex situ : cloisons amovibles, mobilier, dalles de faux-plafonds.

Les cloisons amovibles ne pouvaient être en conservées en l’état car les exigences coupe-feu n’étaient pas respectées. Elles ont été réutilisées pour le cloisonnement intérieur des chambres sans exigences coupe-feu (création de 2 coins nuits distincts maman/enfants, cloison partielle associée à un rideau). La dépose soigneuse a été réalisée par Acorus et la repose par le Collectif Pourquoi Pas ?!. Pour ce collectif, dont l’ADN est de concevoir et fabriquer des aménagements avec les usagers, ce projet était atypique puisque la priorité était de travailler sur les espaces privés avec un matériau (cloison amovible) dont l’équipe était peu familière. Le chantier a été rapide et a été facilité par le fait de pouvoir stocker les matériaux sur place. De nombreux ajustements ont eu lieu directement sur le chantier.

Bilan de la démarche de réemploi :

• CO2 : 100,3 kgCO2 eq/m² (soit 100,6 tCO2eq)
• Eau : 4,5 m³/m² d’eau (soit 4 420 m³)
• Déchets 37 kg/m² de déchets.
• Economie de 10% sur un budget total de 538 000 €

Ce projet a été récompensé par les Trophées Bâtiments Circulaires.

BOB est un lieu ressource pour expérimenter de nouvelles façons de faire et de vivre ensemble dans un cadre atypique et inspirant.
Ce tiers-lieu se veut être un lieu de vie des possibles aux multiples activités favorisant les interconnexions aussi inattendues que fondatrices. Quitter son bureau, se perdre dans les étages et bifurquer selon ses envies, rencontrer de nouvelles forces vives, alimenter sa pratique en découvrant d’autres manières de faire.
BOB c’est aussi un lieu de vie et d’échange, à la fois pour les acteur·rices à demeure mais aussi pour les habitant.es et usager.es du territoire. Pour cela, certains espaces du projet sont pensés en direction des associations locales pour répondre à leurs besoins et accompagner leurs actions. Le but de BOB est d’accueillir les envies citoyennes de chacun.e dans le respect des trois valeurs fondatrices de Plateau Urbain : l’expérimentation, la solidarité et la mixité.
Source texte : Plateau urbain

Démarche d’économie circulaire

L’ex-bâtiment E (Le BOB) a été recloisonné pour permettre la mise en place de petits espaces de travail (7 à 25 m²). L’accompagnement a été réalisé par Flexof, spécialisé dans les aménagements de bureaux, mais qui ne disposait pas de gisement adapté à la hauteur du bâtiment (2,7 m). Des cloisons ont donc été récupérées via Le Boncoin et un site de Plateau urbain situé à Montreuil.

Au total, 700 m² de cloisons de réemploi, soit 250 ml de cloisons, ont été reposés, permettant la création de 22 espaces de travail (1 mois de travaux) sur ce site de 5 000 m².

La chaudière gaz étant hors service, les bureaux ont été équipés de convecteurs électriques, qui pourront être reposés sur d’autres sites de Plateau urbain à la fin de l’occupation temporaire. Plateau urbain mène actuellement des réflexions pour créer des modules spécifiques de cloisonnement adaptés à l’occupation temporaire.

Un AMI spécifique a permis d’identifier les occupants de la Halle des Valoristes. Parmi les activités hébergées, Plateau urbain dispose d’un petit espace de stockage pour fournir ses propres projets. Cet espace a accueilli un fort volume de mobilier issu des anciens bureaux du site. Ceux-ci ont été redistribués progressivement, en particulier via TIZU, spécialisée dans l’upcycling.

A noter qu’un partenariat avec l’école d’architecture ENSAL a permis en particulier la création de la structure bois de l’entrée du BOB, « parklet » permettant de remplacer une place de parking, facilement démontable.

La Halle accueille également 1 600 m² d’espace logistique de l’entreprise Made in Past depuis juin 2024, lui permettant de multiplier sa surface par 3, de se rapprocher de ses clients et d’être intégré dans l’écosystème du BOB. Cet espace dédié aux matériaux de réemploi accueille des usages variés :

• Evacuation des matériaux des chantiers de Made in Past qui n’ont pas pu être vendus directement (fin de chantier)
• Stock pour massification (vente B2B)
• Stockage pour compte de tiers (pour réemploi in situ ou boucle de réemploi intra-structure) : ce service est peu utilisé alors que le sujet du stockage est souvent identifié comme un frein au développement du réemploi
• Stockage de l’outillage/matériel de l’équipe
• Reconditionnement « par nécessité » quand aucune solution (technique ou économique) n’a été trouvée (ex : faux plancher technique ou sanitaire)

Les 4 personnes qui y travaillent reçoivent et renvoient en moyenne 3 à 5 semi-remorques de matériaux par semaine.
Les matériaux de réemploi « bruts » coûtent entre 40 et 60% du prix du neuf, sachant qu’être moins cher que le neuf n’est pas un objectif pour Made In Past, puisque cela ne valoriserait pas la plus-value sociale et environnementale de ces matériaux.
Les matériaux stockés sont très variés, les plus vendus (en tonnage) étant les matériaux métalliques (à noter que les garde-corps ne sont plus récupérés pour des raisons de sécurité).

Pré-figurer les futurs usages du quartier ?

Arrivées progressivement à partir de 2022, les structures accueillies au sein de l’Etape 22D devront partir fin 2027, à l’exception de l’entreprise Iloé qui jouxte la halle et qui bénéficie d’une implantation pérenne (le centre de surtri emploie 70 personnes).

L’emprise des terrains laissera place à un projet urbain mixte qui reste à définir. Pour l’heure, seul un projet d’agrandissement de cimetière est acté.
Cette occupation temporaire permettra ainsi peut-être d’enrichir la programmation des futurs usages du quartier avec des activités à fort impact social environnemental.

La visite s’est terminée par un apéro des acteurs du réemploi, mettant en avant 2 initiatives :

• 100Détours - Agencement en surcyclage de fenêtres bois >>SUPPORT
• Circable - filière de câbles de réemploi >>SUPPORT

100Détours - Agencement en surcyclage de fenêtres bois

100Détours, initiative née dans les Deux-Sèvres, réutilise des montants en bois de fenêtres pour la réalisation de mobilier (surcyclage). Les huisseries collectées doivent être non polluées (au plomb, à l’amiante). Elles sont ensuite transformées en tasseaux avant d’être transformées en abri vélo, table, etc. Un designer développe des produits s’adaptant à la matière (un catalogue est disponible). 100Détours souhaite aller vers une logique d’industrialisation.

La Fabrique, entreprise d’ébénisterie installée à Francheville près de Lyon, expérimente actuellement la licence de la marque 100Détours, sachant que l’objectif est de construire un modèle adapté à la Métropole (100Détours Lyon Métropole). Cette activité de réemploi permet ainsi d’avoir un impact social et environnemental positif.

Les enjeux de développement de cette boucle d’économie circulaire sont de :

• Massifier l’accès au gisement (être connu des MOA ou AMO) qui nécessite d’anticiper le démantèlement d’huisseries
• Accompagner les diagnostiqueurs sur la reconnaissance du bois (une formation est déjà disponible)
• Faire connaitre cette filière auprès des urbanistes, paysagiste… (intérêt pour les aménagements extérieurs).

Circable - filière de câbles de réemploi

Circable est une filière qui, depuis 2 ans, permet au marché de la construction d’utiliser des câbles de réemploi en substitution des câbles neufs en générant des avantages sociaux, environnementaux (plus de 90% des émissions GES évitées) et économiques.

La filière s’organise autour de trois piliers :

• Collecte et valorisation des câbles provenant de la déconstruction : cela nécessite un travail de sensibilisation pour opérer des déposes constructives soignées
• Test et reconditionnement des câbles électriques, grâce à des ateliers de l’économie sociale et solidaire qui opèrent un protocole de qualification et de reconditionnement
• Revente aux entreprises des câbles prêts à être réemployés.

  

L’objectif est aujourd’hui de massifier le gisement pour rendre la filière viable économiquement, dans une logique d’écologie industrielle territoriale.
D’autres filières sont développées en s’axant sur des produits techniques, en construisant des cahiers des charges avec les reconditionneurs et fabricants pour le développement de filières.