Le VRAI-FAUX du réemploi

#10 idées à déconstruire

Développer le réemploi est indispensable pour limiter l’impact environnemental du secteur de la construction. Retrouvez une sélection des principales idées reçues du réemploi et des leviers associés pour massifier cette pratique !

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Argumetaire du Réemploi

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IDÉE REÇUE N°1 : « ça coûte cher ! »

> VRAI & FAUX ! Un raisonnement en coût global doit être adopté

Les études et/ou le reconditionnement coûtent plus cher alors que des économies de matière et de transport peuvent être réalisées en cas de réemploi in situ.

A la déconstruction, les coûts de déconstruction sélective sont à mettre en regard des économies de mise en benne.

  • exemple : si l’on est une collectivité, les coûts d’étude et de mise en place de chaines de réemploi sont à mettre en regard des coûts d’infrastructures et organisationnels pour la gestion des déchets.

Cette démarche est aussi à mettre en perspective avec les impacts sur les emplois, la filière et les compétences locales.

Pistes d’actions

Pour limiter les coûts, prioriser les matériaux disposant de filières structurées ou les plus facilement réemployables.

  • exemple : faux-plancher technique, chemin de câble, appareil sanitaire.

A la déconstruction, cibler dans un premier temps les éléments facilement déposables :

  • exemple : cloisons, radiateurs en fonte, moquette, chemins de câbles, sanitaires, vasques, planchers techniques, rideaux, etc.

Pour aller plus loin

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IDÉE REÇUE N°2 : « La logistique est trop complexe »

> VRAI & FAUX ! L’espace de stockage est à anticiper et à adapter à l’usage

Pour bien adapter le stockage à l’usage, il est nécessaire de se poser les questions suivantes :

  • Adapter la temporalité du stockage aux modalités du réemploi :
    • Redistribution en flux tendu (semaine) ?
    • Réemploi in-situ (semaine-mois) ?
    • Redistribution plus large et/ou magasin éphémère (mois) ?
  • Ai-je de la place sur mon chantier ?
  • Si non :
    • Est-il possible de profiter d’autres chantiers à proximité (chantiers de la même MOA, de la même MOE, etc.) ?
    • Ai-je du foncier disponible ?
    • Les entreprises disposent-elles d’espaces de stockage ?

Pistes d’actions

  • S’appuyer sur des acteurs ressources pouvant favoriser un accès temporaire au foncier :
    • Ville
    • Collectivités
    • Acteurs type SNCF
    • Etc.
  • Intégrer un AMO réemploi dès la phase d’étude permet d’anticiper cette démarche.

Pour aller plus loin

La Batitec d’Eco’Mat38, magasin éphémère de chantier sur le site du Cadran solaire à La Tronche (38)
> retour sur la visite

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IDÉE REÇUE N°3 : « Ces matériaux ne répondent plus aux exigences actuelles en termes de performances (structurelles, thermique), de normes (incendie, sismique…) »

> VRAI & FAUX ! Il est nécessaire de s’assurer de l’aptitude à l’usage du matériau

Les DTU n’imposent pas de matériaux neufs, mais décrivent leurs caractéristiques minimales et certains prévoient même en annexe des conditions de réception applicables aux fournitures :

  • Tuiles
  • Panneaux de bois
  • Etc.

Des travaux de fiabilisation technique sont en cours, avec des ATEx déjà mobilisables et des guides de bonnes pratiques spécifiques à des familles de produits (voir ressources complémentaires) :

  • Tuiles de terre cuite
  • Plafonds suspendus et bacs métalliques
  • Parquets
  • Éléments d’ossatures en acier
  • Menuiseries bois extérieures
  • Revêtements de façades en pierre naturelle attachée
  • Charpentes industrialisées
  • Briques

Pistes d’actions

  • En l’absence d’information sur le matériau à réemployer, faire des tests de performance pour assurer sa qualité.
  • Au préalable, soumettre les Fiches Produits/Ressources/Matériaux au bureau de contrôle avec une validation commune contrôleur/maître d’œuvre/assureur de la méthodologie de qualification.
  • Il est aussi possible d’en détourner l’usage.

Pour aller plus loin

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IDÉE REÇUE N°4 : « Se fournir en matériaux de réemploi est trop complexe »

> FAUX ! La filière du réemploi est en pleine structuration et de nombreux acteurs maillent d’ores et déjà le territoire

Les outils cartographiques se développent, afin de répertorier les fournisseurs de matériaux de réemploi. De plus, des acteurs se spécialisent dans le conseil en réemploi et proposent des prestations de sourcing de matériaux, fiabilisant ainsi leur fourniture. Depuis 2021, la CRESS AURA anime le réseau MAT’AURA - échanges entre matériauthèques de la région - pour partager / harmoniser les pratiques, travailler la question du foncier, peser dans les discussions nationales autour du réemploi, se faire connaître et reconnaître par les acteurs locaux.

Pistes d’actions

  • Étudier la possibilité de faire appel à des ressources internes ou à des plateformes numériques
  • Encourager l’évolution des pratiques actuelles de prescriptions de matériaux vers plus de flexibilité
    • exemple : une gamme de couleur et/ou descriptif d’ambiance plutôt qu’un RAL précis.

Pour aller plus loin

Minéka : le MinéStock

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IDÉE REÇUE N°5 : « Cela engage trop ma responsabilité »

> FAUX ! Pas plus que dans des opérations conventionnelles

Il s’agit surtout de travailler en amont et de manière plus approfondie avec les contrôleurs techniques et les assureurs, acteurs présents dans tout projet mais souvent peu intégrés dans la dynamique de conception malgré leurs expériences des processus constructifs intrinsèques à leur mission, afin de démontrer que les résultats de performances à atteindre par un matériau réemployé sont identiques à leurs équivalents neufs. Proposer des variantes en neuf permet de sécuriser la démarche.

Pistes d’actions

  • La procédure d’ATex permet déjà la reconnaissance en technique courante des matériaux issus du réemploi.
  • Le travail et l’organisation de la filière peuvent aboutir à l’élaboration de règles professionnelles, qui si elles sont acceptées par la C2P, permettront de généraliser la reconnaissance de familles de matériaux en technique courante et de les inscrire dans un cadre assurantiel classique.

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IDÉE REÇUE N°6 : Rien ne m’y oblige !

> FAUX ! Aujourd’hui, certaines obligations pèsent déjà sur les maîtres d’ouvrage

La loi Anti Gaspillage pour une Économie Circulaire (AGEC) promulguée début 2020 rend aujourd’hui obligatoire la réalisation d’un diagnostic Produits-Equipements-Matériaux-Déchets (PEMD) et préconise l’intégration d’une clause réemploi aux commandes publiques. Elle prévoit également la mise en œuvre opérationnelle de la filière de collecte et de recyclage des déchets issus des produits et matériaux (PMCB) utilisés sur les chantiers de démolition, rénovation et construction du bâtiment.
D’autre part, la mise en place de la RE2020 va permettre la valorisation du réemploi dans le calcul de l’Analyse du Cycle de Vie (ACV) du bâtiment en réduisant à zéro l’impact des matériaux réemployés.
La loi (article L. 541-1 du code de l’environnement) inscrit la prévention des déchets au sommet de la hiérarchie des modes de traitement des déchets.

Pistes d’actions

  • Mettre en avant l’allongement des cycles de la matière et de sa durée de vie pour atteindre des objectifs réglementaires, en termes de réduction de l’empreinte carbone.
  • Se prémunir des risques de dérives que peuvent entraîner les évolutions réglementaires en s’assurant de mettre en œuvre du réemploi « réel », et le plus local possible.
    • exemple : mise en place d’une étiquette « Truly Reclaimed » permettant d’authentifier la provenance des éléments de réemploi, dans le cadre du projet européen FCRBE.

Pour aller plus loin

  • Ressources VAD :
    • Plaquette Réemploi et RE2020, réalisée pour la DREAL AURA : Plaquette RE2020 et Réemploi
    • Support de la réunion de l’action co’ Réemploi du :
    • Communauté RE2020 : Regroupant maîtres d’ouvrage, maîtres d’œuvre, entreprises, etc., ce groupe de travail a pour objectif de contribuer aux travaux d’élaboration de la RE2020 et d’identifier des méthodes adaptées pour répondre aux enjeux actuels et aux questions opérationnelles : Communauté RE2020

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IDÉE REÇUE N°7 : « Réemployer, c’est abandonner l’esthétisme »

> FAUX ! Bien au contraire !

Réemployer est une pratique ancestrale qui permet de préserver le patrimoine culturel et historique des matériaux.
Des banques de référence permettent de démontrer le potentiel de ces matériaux dont l’usage peut être détourné !

Pour aller plus loin

  • Ressources VAD :
    • Annuaire des opérations vertueuses de la région AuRA : Opérations

ASDER - Art Ski tech, 2020
Transformation d’un bungalow vétuste en bâtiment de formation, avec bardage en ski de récupération à Chambéry.

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IDÉE REÇUE N°8 : « Avec le réemploi, je ne peux pas faire ce que je veux ! »

> VRAI & FAUX ! Le changement est avant tout culturel

A tous les acteurs d’adapter le projet à la ressource à la conception, voire même au cours du projet, dans un processus itératif.

Pistes d’actions

  • Adapter son regard et être prêt à faire des concessions !
  • Proposer des variantes en neuf si le réemploi ne peut se faire faute de manque de gisement.

Pour aller plus loin

  • Nota bene : Le réemploi peut même devenir une thématique fédératrice car créatrice de lien dans toute l’équipe du projet.

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IDÉE REÇUE N°9 : "Mon projet n’est pas adapté au réemploi !"

> FAUX ! Les références et contextes sont nombreux…

…et pas uniquement cantonnés aux projets “vitrines” !

Types d’opérations :

  • Grandes opérations tertiaires
  • Réhabilitation de logements collectifs
  • Aménagement d’espaces publics
  • Etc.

Types de marchés :

  • Marché public
  • Marché privé
  • Etc.

Pistes d’actions

  • Commencer “petit”, en se limitant à 1 ou 2 lots ou matériaux, afin de permettre une acculturation des acteurs au sujet...

Déchèterie le Court-circuit à Saint-Martin d’Hères, NA Architecture
Mur d’enceinte en gabions de réemploi.
> lien externe sur le site de l’architecte

Pour aller plus loin

  • Ressources VAD :
    • VADomètre du Réemploi - 36 opérations en Auvergne-Rhône-Alpes : VADomètre du réemploi
    • Carnet de Chantier du Club House à la Verpillère (69) : expérimentations étudiante sur le réemploi à l’échelle du mobilier : 19 CCH Club House 38 VF p.40 : « Conscient des enjeux liés à la production de déchets dans la filière du bâtiment, les étudiants de l’ENSAG ont cherché à travailler la question du réemploi de matériaux au sein même de la réalisation du Club House de la Verpillière. Bien que des projets se développent, les questions réglementaires, l’absence d’une filière effective et organisée et le manque de professionnels qualifiés rendent la démarche difficile à l’échelle du gros œuvre. Il est plus aisé dans un premier temps d’envisager des agencements en réemploi. Ayant orienté en partie ma pratique professionnelle sur ces questions, j’ai pu répondre à cette demande de mobilier en réemploi. » Thibaut DEFRANCE, Artisan designer
    • Panorama d’opérations de réemploi à différentes échelles, par le collectif d’architectes Atelier 43, présenté dans le cadre de l’action co’ Réemploi : Retours d’expériences Atelier 43 scop
    • Panorama de réemploi en espace publics (dont en occupation temporaire), présenté par la Métropole de Lyon, La Formidable Armada et Relations Urbaines dans le cadre de l’action co’ Réemploi

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IDÉE REÇUE N°10 : « Je n’ai pas les compétences »

> VRAI & FAUX ! La montée en compétence et la structuration de la filière est progressive

Aujourd’hui, des guides, méthodes, indicateurs et formations se développent pour professionnaliser la filière.

Pistes d’actions

  • Seule condition pour franchir le pas : une volonté partagée de l’équipe !
  • Ensuite, il est possible de se former pour monter en compétences

Pour aller plus loin

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La dynamique en Auvergne-Rhône-Alpes :

Regroupant plus de 150 professionnels de la construction et de l’aménagement, l’action co’ VAD permet d’impulser une dynamique forte sur le réemploi en Auvergne-Rhône-Alpes, par le biais d’actions diverses : capitalisation et analyse de projets régionaux, publication annuelle « Le VADomètre du Réemploi », argumentaire à destination de l’ensemble des acteurs de la construction, animation de différents groupes d’échanges et de travail thématiques, soutien et développement d’initiatives locales…