Workshop VAD+
Une expérience immersive du réemploi #2
En partenariat avec ENFIN ! Réemploi
Après un premier workshop organisé en 2022 au sein de l’entrepôt logistique de Made In Past et Cycle Up à Loire-sur-Rhône , VAD vous propose ce 2e rendez-vous au sein de la plateforme ENFIN ! Réemploi.
Au programme : mise en réseau, REX, témoignages et mise en situation.
*Événement réservé aux adhérents VAD et limité à 15 participants*
L’association ENFIN ! Réemploi c’est :
- Une plateforme de réemploi de matériaux de construction : LA MATERIAUTHEQUE ouverte au public !
- Un collectif d’EXPERIMENTATION créé en 2020 devenu une ASSOCIATION en Juin 2022
- Un atelier CHANTIER D’INSERTION, avec un objectif d’accompagnement à l’emploi DURABLE.
- Une initiative pour REDUIRE LES DECHETS et la consommation d’énergie générés par le secteur du BTP, et EVITER LE GASPILLAGE en prolongeant la vie des matériaux.
Synthèse
Historique
Le projet a été impulsé par l’AP de l’Ademe « Territoire zéro déchet zéro gaspillage », qui a inspiré de nombreux acteurs comme Trialp ou les Chantiers Valoristes. Ces acteurs ont été contactés par Xavier et Blandine Patriarche qui avaient créé l’agence Kayak Architecture. Cela a permis la création d’un collectif pour monter une plateforme, en associant l’ENSAM et Nantet Locabennes qui a 3 sites de gestion des déchets, et adopte une démarche d’économie circulaire avec le recyclage du gypse des plaques de plâtre par exemple.
Le site de la plateforme est prêté par Chambéry Grand Lac Economie (CGLE). ENFIN ! Réemploi mène une action sociale, via l’insertion notamment. Cela permet d’être porté par l’Etat, par la Région… d’où une forte dépendance des collectivités.
ENFIN ! Réemploi est aussi porté par les mécénats comme Patriarche, fondation Placoplâtre, fondation de la Caisse d’épargne… ce qui devrait permettre l’acquisition d’un véhicule pour les collectes. L’association est toujours à la recherche de groupes, bailleurs, pour soutenir son développement par le biais d’un mécénat.
Premier bilan
L’association a aujourd’hui 1 an. Avant cela, le collectif avait fait des recherches pendant 2 ans pour définir son modèle : quels matériaux récupérer ? doit-on standardiser ? Fait-on de l’éphémère… ? La première année de rodage a permis de valider le fonctionnement, de faire un premier bilan qui permet d’assurer aujourd’hui l’ouverture au public.
Aujourd’hui, la plateforme représente une surface de 700 m² intérieur (présentant l’avantage d’être haut de plafond) + 300 m² extérieur.
En 2022, 98 tonnes de matériaux ont été collectés dont 75 tonnes vendus par l’association.
L’association emploie 8 valoristes à temps plein (dont 4 en arrêt maladie) et 3 encadrants (dont 1 à mi-temps). Il y a un gros manque de ressources humaines pour encadrer les salariés.
L’objectif est que le salarié apprenne à faire pour ensuite être autonome sur un prochain poste. Les salariés en insertion restent 2 ans maximum chez ENFIN ! Réemploi. Ils pourront ensuite travailler dans des menuiseries, scieries…
Concernant la formation de technicien valoriste, une première session est actuellement organisée chez Ecomat38. Cela permet de donner un nom au travail effectué par les salariés chez ENFIN ! Réemploi et de valoriser leur expérience. Ces techniciens en cours de formation ont essentiellement pour projet de mettre en place des plateformes de réemploi sur tout le territoire national.
Créer une filière de ressource circulaire
Le projet a une vraie empreinte territoriale, basée sur un modèle circulaire. Pour créer une filière de réemploi, et non pas de recyclage, il faut remettre en question les modes constructifs : arrêter de coller la moquette par exemple.
Etapes clés :
- La base est d’avoir un diagnostic : c’est le premier état des lieux des projets.
- Ensuite viennent la déconstruction et la collecte : ENFIN ! Réemploi peut le faire avec Trialp et Nantet, mais peut également faire appel à des partenaires compétents sur le sujet : Ecomat38, Excoffier, …
- Le stockage se fait chez ENFIN ! Réemploi ou sur des matériauthèques éphémères.
- ENFIN ! Réemploi a également toutes les compétences pour assurer la préparation et la vente.
Etape 1 : Gisements de matériaux de réemploi
Pour identifier les gisements, il s’agit d’explorer et expérimenter. ENFIN ! Réemploi travaille beaucoup avec l’EPFL du Dauphiné par exemple, qui a mis en place un système de notification pour communiquer sur les matériaux à venir récupérer (notifications pour le bois de charpente par exemple).
Les 3 types de gisements :
- Chantiers de démolition/curage (source : EPFL de la Savoie, démolisseurs, architectes, bailleurs, MOA) : c’est le gisement le plus simple, d’autant plus quand un diagnostic a été réalisé.
- Chutes de production et de chantiers (source : industriels, artisans, entreprises du BTP) : aujourd’hui, de nombreuses entreprises ont une démarche RSE, ce qui permet de travailler sur l’écoconception des produits. Par exemple :
- ENFIN ! Réemploi a par exemple travaillé avec Techniwood sur des panneaux avec de la laine de roche collée entre 2 plaques OSB pour identifier comment fixer autrement cet isolant afin de pouvoir récupérer le bois au moment du démantèlement.
- Une collaboration a aussi été menée avec le Groupe Fournier, spécialisé dans la fabrication et la distribution de meubles de cuisine, de salle de bains et d’agencement sur-mesure. Fournier jetait toutes ses erreurs de côte et chutes de production. Aujourd’hui l’entreprise propose à tous les acteurs du bâtiment de récupérer la matière et de la livrer, ce qui permet de récupérer des produits qualitatives et récents.
- Invendus et erreurs de commandes (produits sortis du bilan comptable, source : fournisseurs, entreprises du BTP). Leur état est équivalent au neuf, mais représentent souvent des volumes restreints.
Types de gisements captés :
En Savoie, il y a beaucoup de bois structurel, principalement du pin et du sapin utilisé en charpente. ENFIN ! Réemploi est ainsi reconnu pour sa filière bois et le process est éprouvé.
Pour ne pas rester monofilière, ENFIN ! Réemploi monter actuellement en qualité sur les autres process (les équipements sanitaires par exemple). L’objectif est de travailler avec des produits plus qualitatifs/récents/« à la mode » et de se concentrer sur ce qui se vent le mieux. Un enjeu est également de pouvoir indiquer : d’où provient le matériau, son état et ce que l’on peut en faire.
Quelques REX de produits :
- 250 chauffe-eaux ont été identifiés mais n’ont pas été récupérés car la matériauthèque ne dispose pas de banc d’essai. Même si cela est en projet, cela ne résoudra pas la problématique de la consommation d’eau (il faut aujourd’hui 150 litres d’eau pour vérifier une fuite). Aujourd’hui il n’y a pas de solution optimale.
- Radiateur fonte : aujourd’hui ce type de produit n’est pas vendu. En général, ils ne se remplacent pas. Ils pourraient être utilisés sur des extensions par exemple, mais cela nécessite d’avoir un réseau de chauffage adapté. Pour de prochains gisements, ENFIN ! Réemploi se rapprochera directement d’acteurs spécialisés.
- Vasques : certaines vasques présentent au sein de la matériauthèque n’ont pas encore eu de test d’étanchéité. Idéalement, elles devraient être dans un espace tampon avant test, comme le fait par exemple Ecomat38 qui dispose d’un local dédié.
Focus sur le réemploi de bois de structure :
Un important travail de sobriété est à réaliser dans l’architecture pour conserver un maximum le bois. Ensuite, si l’on veut réemployer ce matériau, la mise en place d’une scierie mobile permet de gagner du temps : des agents sont envoyés sur site pour découper, déclouer le bois, celui-ci sera ainsi amené débité sur la plateforme puis sera raboté.
Etape 2 : Préparation et vente
Le stockage de la matière implique des actions de traçabilité, pesage et caractérisation. Il est nécessaire ensuite de la reconditionner (nettoyage, calibrage, voire auto-édition).
Valeur ajoutée : 3 niveaux de prestation existent pour préparer le bois de réemploi :
- « Basique » = nettoyage : le plus simple, le plus valorisant, ce qui rapporte le plus.
- Travail à façon : charpente déclouée, rabotage, …
- Auto édition : fabrication d’objet (ex : table de pique-nique). Cela prend beaucoup de temps, c’est très valorisant pour les agents mais peut aboutir à un produit moins qualitatif que du neuf (cela pose la question de l’acceptabilité pour l’acquéreur) car les techniciens ne sont pas des agenceurs. ENFIN ! Réemploi dispose d’un design lab.
Exemples d’autoédition :
- ENFIN ! Réemploi fabrique actuellement 90 composteurs pour Grand Lac communauté d’agglomération, ce qui représente un travail important.
- Le groupe Fournier permet de répondre à des demandes privées de fabrication de plateaux de table. ENFIN ! Réemploi est capable de fabriquer 1000 plateaux d’écolier pour des écoles évolutives. Un designer très impliqué à Grenoble a poussé les industriels à se rapprocher d’ENFIN ! Réemploi. ENFIN ! Réemploi a acheté une plaqueuse de champs. Les bandes de champs en réemploi viennent du groupe Fournier aussi.
Des ateliers avec les particuliers sont proposés une fois par mois. Tous les mercredis soir, les adhérents peuvent venir bricoler sur un créneau de 2h contre adhésion, 10 €/heure.
Vente :
Il s’agit d’inventoriser la matière, définir son prix, la mettre en ligne sur un catalogue en ligne puis assurer son retrait par les acheteurs.
Pour fixer les prix, le technicien valoriste applique une réduction systématique de -50% par rapport au neuf, voire plus (-75%) en fonction de l’état du produit. L’objectif est de créer du flux. Par exemple, la lauze de Courchevel est vendue à 20 €/m².
Trouver des débouchés :
Il y a 2 types de débouchés :
- les professionnels permettant d’assurer un certain volume de vente (exemple : Cristal habitat ou Haute Savoie habitat). Jusqu’à présent, ENFIN ! Réemploi n’a pas eu à répondre à des appels d’offres réemploi.
- les particuliers qui viennent pour les prix bas, les conseils, l’accompagnement, l’action sociale. ENFIN ! Réemploi n’étant pas un ERP, les visiteurs sont systématiquement accompagnés dans la matériauthèque.