Intervention de Yoann Jovet, Milieu Studio
Retours d’expériences sur la partie E
Ce volet est peu différent de la RT 2012. La partie mobilière est ajoutée, mais de manière forfaitaire.
Les leviers sont les suivants :
- Réduction de la consommation : gain sur les postes réglementaires (il n’est en effet pas encore possible de valoriser le travail sur les consommations mobilières)
- Utilisation d’énergie avec un taux d’énergie renouvelable élevé (biomasse, réseaux de chaleur, ...)
- Production d’énergie renouvelable sur site (production photovoltaïque, cogénération. Les autres ENR nécessitent un titre V).
On constate que pour des bureaux climatisés à Lyon, l’atteinte du niveau E3 est complexe compte tenu de la surface de PV nécessaire pour compenser des consommations mobilières, qui sont forfaitaires et qui représentent le plus gros poste de consommation.
Retours d’expériences sur la partie C
Les leviers sont les suivants :
- Travailler sur la réduction de l’utilisation de matière : tous les choix faits en conception ont un impact carbone, il faut en avoir conscience et assumer des partis pris,
- Utiliser des produits faiblement carbonés, locaux, recyclés ou encore réutilisés,
- Intégrer l’exigence du carbone au dossier de consultation.
On constate que le niveau C1 n’est pas accessible à tous les projets aujourd’hui (pour les bâtiments de logements étudiés : 1 bâtiment sur 2 n’est pas C1) car :
- Saisie forfaitaire importante : en particulier, le low tech aujourd’hui pas valorisé et les valeurs forfaitaires ne poussent pas à travailler sur les lots techniques
- Manque de données disponibles (base de données INIES pas aligné avec le poids des matériaux d’un projet)
- Pas de valorisation de la réutilisation, d’utilisation de produits locaux, … A noter que le réemploi est pris en compte dans le label BBCA.
L’atteinte du niveau C2 demande un vrai effort sur l’énergie. Les leviers sont de réduire les consommations (idem partie énergie) et de choisir des sources d’énergies faiblement carbonées.
Aujourd’hui le calcul est réalisé trop tard, et l’expérimentation E+C- permet difficilement d’enclencher une démarche d’éco-conception. En effet, pour réaliser les calculs, il faut le DPGF, et il est alors trop tard pour revenir sur les grands choix de conception.
Remarque de la salle : aujourd’hui, le réseau de chaleur est moins bien valorisé que la biomasse. Mais attention, si à l’avenir le critère d’affecte respiratoire est pris en compte, le bois sera plus pénalisé (en raison de l’émission de particules).
Méthode
Le cadre de l’étude n’est pas suffisamment explicite aujourd’hui et une saisie incomplète entraine un meilleur résultat. Il est dès lors impossible de comparer 2 projets. Il va donc être nécessaire d’expliciter ce qui n’est pas à saisir. L’ACV est par ailleurs réalisée trop tard.
On constate aussi que la forme architecturale a un impact fort sur le résultat : par exemple un projet avec les escaliers positionnés en dehors de l’enveloppe chauffée est pénalisé (la SDP étant modifié). La SHAB ou SU serait plus pertinente.
Concernant la réalisation des calculs, il est possibilité de grouper ou non les missions carbone et énergie, sachant qu’il est indispensable d’avoir une approche globale pour appréhender la question du carbone, qui intègre autant la partie énergie autant que la méthode constructive.
L’outil Vizcab développé par Combo solution utilisation de la puissance de calcul pour combiner l’ensemble des choix de conception et permet ainsi de créer un retour d’expérience non disponible aujourd’hui https://www.combosolutions.eu/
Conclusion
Le niveau de performance réel du bâtiment est différent de celui calculé dans le cadre de l’expérimentation. Ainsi, Milieu Studio conseille de ne pas perdre de vue que c’est une période d’expérimentation et de ne pas éliminer des solutions qui ne sont pas valorisées aujourd’hui (ex : pierre massive). Cette période de transition est essentielle à la mise en place d’une méthode fiable.