Petit-déjeuner débat

Ilot de chaleur et confort en ville : comment agir ?

Si le phénomène des îlots de chaleur est bien connu, il n’existe pas de solution « miracle » : les outils, méthodes et solutions sont partielles et ne s’appliquent pas à chaque projet, à chaque territoire. Alors que des mesures commencent à être enregistrées à des échelles locales afin de modéliser ce phénomène, certaines villes expérientent des solutions pour créer des oasis de fraîcheur. Dans le contexte actuel de réchauffement climatique avéré, les enjeux sont d’ordres sanitaires et sociaux.

Au-delà des difficultés techniques à traiter le sujet, la plupart des acteurs s’intéressant aux îlots de chaleur mettent en avant le besoin d’avoir davantage de dialogue entre les professionnels de l’urbanisme, bureaux d’études, collectivités, chercheurs universitaires ou architectes. Devant cette problématique si vaste et complexe, il apparait nécessaire de prendre du recul et d’imaginer un système interdisciplinaire pour agir de façon plus efficace.
- Comment prendre des décisions et agir aujourd’hui alors que nous manquons de recul vis-à-vis des mesures scientifiques et résultats d’études ?
- Comment travailler avec l’incertitude face au changement climatique ?
- Comment dépasser les frontières disciplinaires pour intégrer ces enjeux à la fois : physique, biologique, climatique et sociaux ? Comment créer le dialogue entre les chercheurs et praticiens ?

L’une des actions dédiée à l’aménagement durable de VAD s’oriente plus précisément sur la thématique « confort et bien-être ». Dans le cadre de son partenariat avec le Master 2 « Ethique et Développement Durable » (EDD) de l’Université Jean Moulin, 4 étudiants ont souhaité appréhender cette question : îlot de chaleur et confort en ville, comment agir ? Pour mener à bien leur étude, ils ont réalisé des entretiens d’acteurs (collectivité, architecte, chercheur, bureau d’étude), conduit des observations de terrains (3 études de cas) et une recherche bibliographique. Ce petit-déjeuner débat a permis de mettre en lumière leur travail et de créer un lieu d’échange entre professionnels sur leurs manières d’appréhender le phénomène des îlots de chaleur urbain (ICU) dans leurs projets.

L’urgence de l’action, malgré le manque de données …

Face à un phénomène avéré, l’expérimentation est nécessaire pour diminuer l’effet de l’îlot de chaleur urbain sur le bien-être en ville. D’autant que la présence ou plutôt le ressenti de l’ICU a tendance à s’intensifier et à se généraliser sur le territoire. Il est donc essentiel de l’intégrer, dès aujourd’hui, dans les réflexions d’urbanisme pour tester, affiner des méthodes, des outils et identifier quelques « facteurs clés de succès » attenuant l’effet de l’ICU.

La nécessité d’un langage commun et de « redonner du temps au projet »

Pour pouvoir collaborer, co-construire et être acteur de la ville de demain, un dialogue multi acteurs doit être instauré. La connaissance de ce phénomène et des retours d’expérience sont un préalable à la réflexion et à la décision collective. Mais c’est avant tout le langage commun et le temps accordé au projet, à son élaboration en concertation qui contribueront à la qualité de vie urbaine.

En Espagne, l’îlot de chaleur urbain est culturel

La présence à l’atelier de l’Agence barcelonaise Pich & Aguilera nous a permis d’avoir le retour sur cette problématique. Pour eux, l’ICU est la base de tout projet urbain d’où une conception de la ville et du bâti méditerranéen particulièrement sensible à la circulation de l’air. Le toit est un élément à part entière de l’habitation (et non un support à végétalisation), les patios contribuent à la ventilation naturelle et créent un équilibre entre densité et porosité en ville. Les espaces intermédiaires, culturellement très utilisés, sont étudiés finement pour apporter ombrage et fraîcheur.

Au travers de cet atelier, les échanges ont permis de mettre en exergue

le fait que des expérimentations ont lieu et que des solutions existent. Plusieurs actions permettent, en effet, d’atténuer les ICU : la conception architecturale des bâtis, l’utilisation de matériaux adaptés, la végétalisation de la ville avec des essences adaptées au climat, la présence d’eau.
Ces actions doivent être intégrées à la politique d’aménagement de la ville pour être cohérentes et efficaces, c’est-à-dire perçues comme contribuant au confort et au bien-être. Les ICU sont davantage pris en considération dans les opérations d’aménagements, notamment via la création d’îlots de fraicheur, accessibles, adaptés au climat et aux besoins spécifiques de la zone, devient un gage de qualité de vie en ville.