Maison dans un mazot d’alpage

La réflexion sur la matière est ici particulièrement poussée. Le projet mêle matériaux biosourcés et géosourcés de provenance locale, matériaux de réemploi et réutilisation de ressources déjà présentes sur le site : ancelles (tuiles de bois) et anciens moellons pour faire le drainage. Chacune des techniques retenues est au service de ce projet frugal au grand
confort thermique, démontrant les qualités esthétiques des matériaux vernaculaires, parfois discrédités sur le plan du design. Cette attention à la matérialité reflète également la volonté du couple de collaborer en bonne intelligence avec les artisans. Travailler ensemble en valorisant les savoir-faire de chacun a permis de mettre en œuvre du bois local et de
tenter des techniques alternatives. Pour concrétiser leurs envies dans le cadre de leur budget, les maîtres d’ouvrage ont mis la main à la pâte… ou plutôt à la terre, au bois et à la paille. Un ancien maçon de leur réseau a apporté sa pierre à l’édifice en transmettant son savoir-faire et l’association Botmobil a organisé sur le site deux chantiers participatifs.
Les ambitions ont ainsi été atteintes avec des techniques constructives physiques et chronophages, encore rares dans le paysage professionnel.

Pour ce projet, le couple a opté pour des solutions low-tech un peu « confidentielles », et surtout non conventionnelles ! Le processus demande du temps pour se documenter, échanger, évaluer et enfin trouver les bons partenaires pour la concrétisation. Mais le résultat est là ! Le confort thermique est atteint grâce aux fenêtres à triple vitrage et à l’inertie apportée par le plancher intermédiaire rempli de terre, un mur de masse en « terre coulée » et des enduits en terre. Le renouvellement d’air est assuré par un système de ventilation
mécanique par insufflation (VMI), une solution très simple à installer, notamment dans le cadre d’une réhabilitation. En plein hiver, quand le soleil rayonne, un complément de
chauffage est rarement nécessaire ; quand il se cache, un feu de deux heures dans le poêle de masse suffit pour chauffer la maison pendant vingt-quatre heures.
Cette opération renferme un fort potentiel de réplicabilité : une autre vie pourrait être offerte aux nombreux mazots en ruine qui parsèment nos territoires de
montagne...