Maison du projet du quartier de La Saulaie
Le Groupe SERL a été désigné en janvier 2020 par la Métropole de Lyon pour aménager le quartier de La Saulaie, à Oullins et La Mulatière. Le temps de lancer les différents chantiers de construction, une maison du projet voit le jour sur le site de la ZAC, conçue par l’agence d’architecture Meiôsis.
Installé au croisement de l’avenue du Rhône et de l’avenue Edmond Locard, ce nouvel équipement est le premier du projet urbain de la ZAC de la Saulaie. Le bâtiment se veut exemplaire en travaillant sur de nombreux sujets : performance thermique, réemploi, qualité architecturale, lien au quartier existant, animation de la friche, etc.
Ce lieu d’échange et de rencontres, qui sera livré au printemps, est divisé en 2 espaces :
- un espace maison du projet, avec une exposition permanente, des contenus interactifs, un espace de convivialité et des aménagements extérieurs pour accueillir des activités participatives
- un espace dédié au pôle d’initiatives de la ville d’Oullins (Pivo).
L’économie circulaire au cœur du projet
La maison du projet est une construction passive en structure légère composée de panneaux bois préfabriqués démontables et remontables permettant la réutilisation du bâtiment, dans le cadre du projet ou ailleurs.
« Le projet revêt plusieurs challenges : un temps court pour la conception avec un projet de scénographie qui s’écrit en même temps que la spatialité du bâtiment, une ambition programmatique autour de l’économie circulaire et le réemploi aux deux échelles que sont les matériaux et le bâtiment lui-même. Ce challenge a nécessité une très grande coordination de tous les intervenants au-delà du binôme classique maître d’œuvre/maître d’ouvrage. Citons entre autre Anaïs et Maxime sans qui nous n’aurions pu tenir le challenge des chantiers jeunes qui nous tenaient à cœur dès notre réponse à l’offre. », précise Fabienne Boyer, l’architecte du projet.
La ventilation et le chauffage sont assurés par une VMC double flux et des radiateurs électriques. Des trappes de ventilation naturelle en façade et des brasseurs d’air contribueront à garantir de bonnes conditions de confort l’été. 16 m² de panneaux solaires seront installés en façade et l’eau de pluie sera partiellement récupérée pour les usages de jardinage. Il ne s’agit pas de faire une construction « hors sol », mais bien d’adapter la conception du bâtiment à son environnement (façade Sud bien exposée).
Justification des choix constructifs
Différentes contraintes ont guidé la conception du bâtiment.
- Pour répondre aux besoins de la scénographie, une grande hauteur était demandée. Cette contrainte s’est opposée à la volonté de réemploi selon un principe de modules 3D et a orienté vers une conception en modules 2D.
- L’ambition d’avoir une structure légère a fait face à l’enjeu de pollution, et les fondations requises ont alourdi le bâti.
- La démarche de construction passive réduit les fluides dans le bâtiment, avec par exemple le choix de la ventilation naturelle.
Réemploi de persiennes
Ce bâtiment temporaire intègre la logique de réemploi dès la conception, en se focalisant sur objet commun, propre à de nombreux habitats vernaculaires : la persienne. L’adhésion du maître d’ouvrage au projet était fondamentale compte tenu de l’esthétisme particulier du projet : « ce choix s’intègre dans la démarche globale du projet urbain en utilisant un objet commun pour crée une accroche avec la logique de faubourg déclinée dans le reste du projet » explique Pierre Lavisse, chef de projet Aménagement Urbain à la SERL.
La fourniture des matériaux de réemploi a été réalisée par Bobi Réemploi alors que le transport, le stockage, et la remise en état des persiennes a été réalisé par Made in Past. Une réflexion a été menée par Bobi réemploi pour savoir comment s’insérer dans les règles d’achat responsable et de la commande publique appliquées par la SERL.
A noter que le PC a été déposé alors que la matière n’était pas encore disponible.
Le sourcing a été étendu à toute la région pour réunir les 150 m² de persiennes nécessaires au projet. Une partie du gisement provient de l’ancien musée de Chambéry, ces persiennes du 19e siècle ayant été fournies par ENFIN Réemploi !
Des fiches de suivi ont été réalisées par Bobi Réemploi (photo, lieu d’origine…) et fournies au bureau de contrôle.
Malgré une nomenclature rigoureuse (persiennes numérotées, mesurées…), des variations de mesure ont été constatées, en particulier lié à des différences de cotes suite au décapage. Le timing a été serré pour réaliser le calepinage, sachant qu’il n’était pas possible de modifier l’emplacement des fenêtres compte tenu de la modularité des espaces et de la scénographie prévue.
« Il y a eu trois phases de conception : une phase de principe, une phase « théorique » avec le matériau disponible, puis une phase « finale » de mise en œuvre. » F. Boyer - Meïosis
Dans le cadre de la médiation/concertation du projet, le pilotage de chantiers jeunes par les Compagnons Bâtisseurs a permis d’intégrer les habitants, en impliquant une population jeune, difficile à capter par d’autres méthodes de concertation, pour la mise en peinture partielle de ces éléments durant l’été 2022. Le choix de la teinte des persiennes a été réalisé en accord avec la charte du futur écoquartier.
La pose est effectuée par le charpentier. Un contre-litelage réalisé au fur et à mesure permet de s’adapter aux persiennes.
« Le réemploi c’est d’abord une envie, un engagement. Un engagement à construire autrement avec une architecture qui s’adapte au matériau disponible. Ici le rôle de l’architecte diffère d’une conception classique réinterrogeant l’esthétique à l’aune des matériaux disponibles que ce soit en terme dimensionnel ou de qualité de finition. Tous les acteurs ont joué le jeu et ont montré une grande réactivité. » F. Boyer - Meïosis
« L’ambition de réemploi a également évolué avec l’abandon de réemploi à l’intérieur. » P. Lavisse - SERL
Voir en ligne : Site web SERL
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